Procès des attentats du 13 novembre 2015 - Le Live Tweet - Semaine UNE
Retrouvez sur cette page tous les tweets du procès issus des Live tweets de @ChPiret Charlotte Piret et @sophparm Sophie Parmentier ; elles suivent ce procès pour France Inter et nous ont donné l'autorisation de compiler leurs tweets dans un objectif de consultation et archivage.
(© Photo "Salle d'audience" Sophie Parmentier |Twitter)
Semaine UNE
Jour Un - Mercredi 8 septembre - Ouverture du procès et appel des parties civiles
L'audience est sur le point de s'ouvrir devant la Cour d'assises spécialement composée. Démarrage d'un procès qui doit durer neuf mois et que nous allons vous raconter avec Sophie Parmentier.
Dans la salle, il y a foule d'avocats dans le prétoire. Les accusés sont installés dans le box.
L'audience (qui devait démarrer à 12h30) n'a pas encore commencé. Le principal accusé, Salah Abdeslam est arrivé dans le box. Les avocats généraux sont également installés à leurs places.
La sonnerie retentit. La foule se lève et la cour fait son entrée dans la salle. Sept magistrats professionnels. "L'audience criminelle est ouverte, veuillez-vous asseoir", déclare le président Jean-Louis Périès.
Le président demande tout d'abord aux interprètes de s'approcher de la barre. Plusieurs accusés ne parlant pas français, ils assureront la traduction des débats en direct. La première interprète décline son identité, elle bafouille, semble très très émue.
Les interprètes ayant tous prêté serment, il procède aux vérifications d'état civil de chacun des 14 accusés. Les 11 accusés détenus ont été placés dans le box par ordre alphabétique.
"Monsieur Abdeslam levez-vous, veuillez décliner votre identité". Salah Abdeslam se lève, se démasque et déclare : "tout d'abord, je tiens à témoigner qu'il n'y a pas d'autre divinité qu'Allah, que Mohamed est son serviteur et son messager".
Le président garde son calme et poursuit les vérifications d'identité d'usage : "Votre profession ? Salah Abdeslam : "j'ai délaissé toute profession pour devenir un serviteur de l'Etat islamique".
Place à Mohamed Abrini, alias "l'homme au chapeau" des attentats de Bruxelles en 2016. A la grande différence de Salah Abdeslam qui affiche une longue barbe et des cheveux longs, il a une attitude soignée, porte une chemise blanche et réponds calmement aux questions du président.
Les accusés suivants, Mohamed Amri, Yassine Atar, Sofien Ayari répondent eux aussi calmement aux questions du président. Salah Abdeslam, lui, outre sa déclaration d'allégeance à l'Etat islamique, a refusé de donner la profession et le nom de ses parents.
Les vérifications d'identité des accusés se poursuivent. Ali El Haddad Asufi explique que sa profession (avant d'être incarcéré) était "chauffeur-livreur à l'aéroport de Zaventem".
Le président passe aux trois accusés qui comparaissent libres. Des 14 accusés présents, seul le principal d'entre eux, Salah Abdeslam est le seul à avoir tenu d'emblée un discours de défiance vis-à-vis de la cour d'assises spécialement composée.
Président : "Le code de procédure pénale ne prévoit pas que le président de la cour d'assises tienne un propos introductif. Permettez-moi néanmoins ces quelques mots empreints de la plus grande humilité. Nous commençons un procès qualifié d'historique et d'hors norme."
Président : "hors norme, oui. Mais ce qui importe c'est le respect de la norme, avec le respect de chacun, à commencer par le respect des droits de la défense. Notre cour d'assises à pour fonction d'examiner les charges retenues à l'encontre de chacun des accusés" Président : "nous devons tous conserver ce cap dans le respect des droits des uns et des autres pour pouvoir maintenir la justice dans le respect et la dignité. Je sais pouvoir avoir confiance en chacun d'entre vous pour se faire".
"Les débats sont ouverts" conclut le président. Avant de commencer l'appel des parties civiles. Deux jours y seront consacrés. D'abord pour les 1800 parties civiles déjà constituées. Puis, demain, pour les victimes qui souhaiteraient se constituer parties civiles à l'audience.
Mais avant cela, Nicolas Braconnay, l'un des trois avocats généraux, se lève pour s'expliquer sur "la position du parquet sur la recevabilité de certaines parties civiles".
"La qualité de partie civile est réservée à ceux qui ont directement souffert de l'infraction", rappelle l'avocat général Nicolas Braconnay. 1765 personnes sont ainsi déjà constituées parties civiles dans ce dossier.
Sur ces 1765 parties civiles, poursuit l'avocat générale, on compte 15 personnes morales. "4 associations de victimes qui ne posent pas de difficultés, la ville de Saint-Denis". Mais aussi des sociétés (comme le Bataclan par exemple) dont la constitution sera évoquée demain.
"Soulever la question de la constitution de partie civile du Bataclan dans le cadre des attentats du 13 Novembre 2015 me paraît politiquement désastreux" s'indigne l'avocate du Bataclan qui rappelle que Charlie Hebdo était partie civile au procès des attentats de janvier 2015.
L'audience se poursuit avec la longue liste des parties civiles. Elles sont 1765 constituées à ce jour. Un par un, par ordre alphabétique, chaque avocat de partie civile s'avance ainsi à la barre et liste les nomes des victimes qu'il représente. Cela durera jusqu'à demain soir.
Nous en sommes à la lettre C. Me Matthieu Chirez s'avance à la barre. Il représente des parties civiles britanniques. L'occasion de rappeler que 23 nationalités sont représentées parmi les victimes
Dans le box l'accusé Farid Kharkhach est sorti du box par les escortes. "Il vient de faire un malaise" indique le président avant de suspendre l'audience "pour voir ce qu'il en est".
L'audience reprend. Farid Kharkhach est de retour dans le box. Ses avocats avertissent : "ce procès va être très long. Je voudrais attirer votre attention sur le fait que notre client a subi deux fouilles à nu de façon totalement disproportionnée et non justifiée à notre sens."
Ses avocats insistent : "je veux attirer l'attention sur ses conditions carcérales. Il faut que cette justice soit digne et c'est l'intérêt d'aucune des parties que ça se passe comme ça. On vous demande monsieur le président de prêter attention à la situation de notre client".
Dans le box, Salah Abdeslam se lève : "vous ne faites pas attention aux gens. Dangereux ou pas dangereux, on est des hommes, des êtres humains. On a des droits. On est comme des chiens."
Dans le box, Salah Abdeslam se lève : "ici c'est très propre, il y a des écrans plats, de l'air conditionné etc. Mais derrière, personne ne voit ça. Cela fait 6 ans que je suis traité comme un chien. Et si je ne me suis jamais plaint c'est parce qu'après la mort, on sera ressuscités".
Salah Abdeslam est invité à se rasseoir. L'audience reprend avec les constitutions de parties civiles des avocats dont les noms de famille commencent par D et E. Me Victor Edou, par exemple représente Laura Croix
Les avocats de parties civiles se sont tous avancés à la barre. Désormais, ce sont les parties civiles non représentées par un avocat qui viennent en personne confirmer leur constitution.
Fin des confirmations de constitution de parties civiles. L'audience est suspendue jusqu'à demain 12h30.
Lire le compte-rendu d'audience > ici
Jour Deux - Jeudi 9 septembre - L'appel des parties civiles se poursuit
Jour 2 au procès des attentats du 13 Novembre 2015. Franceinter continue à vous le raconter en LT, et sur le web, avec un compte-rendu chaque jour sur FranceInter Aujourd'hui, c'est surtout moi qui LT et @ChPiret est à l'antenne dans le journal de 13h.
Les accusés sont en train d'arriver dans le grand box de verre. Salah Abdeslam s'avance vers sa place. Il se tient debout, bras croisés. Vêtu aujourd'hui d'un sweat blanc et noir à liseré rouge.
A peine rentré, Salah Abdeslam ressort de son box, à l'instant, emmené avec une escorte de gendarmes.
On ne connaît pas encore les raisons de cette entrée/sortie de Salah Abdeslam. On ne voit plus son avocate Olivia Ronen, dans la salle d'audience principale.
Les treize autres accusés présents à ce procès sont assis dans le box ou juste devant (pour les 3 sous contrôle judiciaire). La plupart en tenue sportswear en jour 2 de procès. Hier, beaucoup avaient une chemise BCBG repassée.
Salah Abdeslam revient à sa place dans le box. Il était sorti s'entretenir avec son avocate Olivia Ronen, ce que la cour avait autorisé. Le président Jean-Louis Périès a insisté hier sur le respect des droits de la défense à ce procès "hors-normes" qui doit rester dans la norme.
Tous les accusés sont maintenant assis dans le grand box de verre et devant. Salah Abdeslam compris. Les avocats de la défense sont en place aussi. Aujourd'hui, des parties civiles non encore constituées vont défiler à la barre.
L'audience vient de rouvrir, jour 2.
Le président Jean-Louis Périès explique que l'appel des nouvelles parties civiles va se poursuivre. "A l'issue de cet appel, nous évoquerons les problèmes de recevabilité de ces questions quelles qu'elles soient".
L'avocate du Bataclan demande avec insistance de ne pas trancher cette question de la recevabilité. "Ce ne sera pas facile au niveau du planning", réplique le président.
Me Patrick Klugman prend la parole au nom de la ville de Paris. Suit une avocate de la Belle Equipe. Bataille de robes noires pour défendre les personnes morales en tant que parties civiles. Me Mouhou note que ces questions n'ont pas été posées pour les attentats de Janvier 2015.
Me Mouhou veut se constituer partie civile pour les habitants de la rue du Corbillon à St Denis. Le 18 novembre 2015, un immeuble avait été troué lors l'assaut du RAID lors duquel deux terroristes dont Abaaoud ont été tués. Les habitants sont aussi des victimes dit l'avocat.
Après une petite suspension, le procès se poursuit avec le défilé des avocats de parties civiles pour la constitution de parties civiles. Très longue liste. Près de 1800. Cet appel de parties civiles s'achèvera ce soir.
Et parmi les avocats, Me Mouhou dénonce un "scandale judiciaire" si la cour ne reconnaît pas le traumatisme des habitants de la rue du Corbillon, après l'assaut du RAID. "Modérez vos propos", rétorque le président. "Rendez-vous le 4 octobre pour plaider tout ça", conclut-il.
Des heures que des avocats égrènent des noms de femmes et d'hommes qui se constituent parties civiles à ce procès des attentats du 13 Novembre 2015. Des parties civiles elles-mêmes ont défilé. Salah Abdeslam n'a pas repris la parole. Il est assis dans le box, bras croisés.
"L'audience est levée. Elle reprendra demain à 12h30", dit le président Jean-Louis Périès.
Lire le compte-rendu d'audience > ici
Jour Trois - Vendredi 10 septembre - Lecture des faits
Bonjour à tous, l'audience du procès des attentats du 13 Novembre doit reprendre dans un peu plus d'une heure pour sa 3e journée. Au programme aujourd'hui : la lecture du rapport du président, prévue pour durer 8 heures environ. Il s'agit d'un résumé des faits et des charges.
Les accusés sont arrivés dans le box. La salle d'audience se remplit progressivement.
Les parties civiles sont venues plus nombreuses aujourd'hui pour écouter la lecture du rapport du président, exercice prévu par le code de procédure pénale avant l'ouverture des débats.
A procès hors norme, rapport hors norme. Sa lecture est donc prévue pour durer huit heures environ. Pour cela le président Jean-Louis Périès sera aidé de ses deux premiers assesseurs pour une lecture à trois voix.
L'audience reprend à l'instant avec quelques éléments de procédure (prestation de serment des interprètes pour les parties civiles, information sur le planning etc.) avant la lecture du rapport.
La cour procède à l'appel des témoins. Certains proches d'accusés ont d'ores et déjà fait savoir qu'ils ne souhaitaient pas venir. Me Ronen : "on peut comprendre qu'il soit difficile de se déplacer jusqu'ici avec une absence de sécurité totale dans un contexte comme celui-ci."
Outre le cas de Myriam Abdeslam, soeur du principal accusé, la question des témoins résidant en Belgique par exemple posent des difficultés dès lors qu'ils ne souhaitent pas faire le déplacement. La cour indique que "des visios" pourraient être organisées.
L'appel des témoins se poursuit avec les enquêteurs belges. Les avocats de Yassine Atar réclament qu'ils soient entendus à la barre et non de manière anonyme par visioconférence. "C'est une demande qu'ils ont fait récemment pour des raisons de sécurité", indique le président.
Le débat sur la présence ou non des enquêteurs belges à la barre se poursuit. La défense souligne l'absurdité qu'ils soient anonymisés dans ce procès alors qu'ils seront appelés à témoignés physiquement et en leur nom propre lors du procès des attentats de Bruxelles en Belgique.
Ce moment où, au milieu d'une série de nom de témoins, dont les noms de famille sont souvent ceux des accusés, l'huissier appelle : "Monsieur Hollande François".
Me Kempf : "on ne comprend pas pourquoi il a été cité. Si les PC pourraient nous expliquer pour qu'on puisse préparer l'audition de cet individu". "Il a été cité par l'association lifeforparis"Il était sur un des lieux d'attentats", rétorque un avocat de parties civiles.
Le débat se poursuit sur l'utilité d'entendre François Hollande. Me Saint-Palais (défense) invoque la problématique du manque de temps, Me Méchin (défense) celle de la pertinence du témoignage. En parties civiles, on répond qu'il sera entendu sur les faits, avant et après.
On passe aux témoins qui ont été condamnés dans d'autres procès : "Ayoub El-Kazzani, Bilal Chatra" pour l'attentat du Thalys, "Sonia Mejri", épouse d'un des commanditaires des attentats etc. Ceux-ci seront entendu par visioconférence depuis les prisons où ils sont incarcérés.
Nouveau débat sur la pertinence d'un témoin. Cette fois, il s'agit de Georges Fenech.
Me Saint-Palais revient à la charge : "on va prendre du temps aux parties civiles et à la défense pour entendre ce monsieur".
Me Christien Saint Palais toujours au sujet de l'audition de Georges Fenech: "il a écrit un livre sans doute très intéressant mais enfin on ne va pas recevoir ici tous ceux qui sortent un livre au moment du procès".
On passe au témoin Nicolas Henin.
"Il n'a pas retiré son recommandé" indique la greffière. Me Coviaux (PC) se lève : "il a indiqué sur son compte Twitter qu'il viendrait". Président : "Mais il viendra ? Il ne va pas témoigner par Twitter ?" Rires dans la salle.
Me Morice, avocat de PC, demande maintenant la citation de témoins hors délai (et donc selon le pouvoir discrétionnaire du président) : Bernard Squarcini, Jean-Michel Fauvergues et Michel Cadot dont il est question dans le documentaire Les ombres du Bataclan, diffusé sur ARTE.fr .
L'audience est suspendue. Les 8 heures de lecture du rapport du président devrait (enfin) débuter à la reprise.
L'audience reprend. Le président indique qu'il va "enlever exceptionnellement [s]on masque pour la lecture du rapport qui est assez long même si j'ai essayé de condenser les éléments". Il confirme que cette lecture se fera à trois voix.
Le président entame la lecture de son rapport : "dans la soirée du 13 novembre 2015, trois équipes attaquaient dans Paris … "
Rapport : "très rapidement après les attentats, Salah Abdeslam était identifié comme le locataire de la Clio qui avait déposé les trois assaillants au Stade de France (…) il avait par ailleurs été contrôlé au péage d'Hordain dans le sens sud-nord".
Rapport : "un appel à témoin était lancé pour tenter de localiser Salah Abdeslam. Parallèlement les policiers belges multipliaient les perquisitions".
Le président est interrompu dans sa lecture. Un avocat de la défense lui demande de lire plus lentement pour permettre aux interprètes d'avoir le temps de traduire son récit pour les accusés non francophones. "Ça va trop vite ? On va prendre un autre rythme …"
Rapport : "le 22 mars 2016 des attentats quasi simultanés ont été perpétrés dans l'agglomération bruxelloise. Les investigations démontreront que les terroristes qui se sentaient sur le point d'être arrêtés et qui visaient la France ont frappés précipitamment la Belgique".
Dans son rapport, le président reprend, minute par minute le déroulé des attentats dans la soirée du 13 novembre 2015 : "à 21h16 première explosion au Stade de France porte H, à 21h20 deuxième explosion porte D, à 21h24, première fusillade sur la terrasse du Petit Cambodge …"
Dans son rapport, le président explique que lorsque les terroristes du Stade de France arrivent sur place, le match France-Allemagne a déjà débuté : "il est permis de penser qu'ils ont tenté de rentrer dans le stade et qu'ils ont été refoulés, n'ayant pas de billets" Dans le box, les accusés écoutent la lecture du rapport, les bras croisés sur la poitrine. Quelques-uns ont la tête baissée.
Le président indique dans son rapport que ce sont des "débris humains" retrouvés aux abords du Stade de France qui ont permis d'identifier l'un des trois kamikazes, le jeune belge Bilal Hadfi. "Il est resté en Syrie plusieurs mois jusqu'à sa remontée en Belgique fin août 2015".
Toujours au sujet du kamikaze du Stade de France, Bilal Hadfi, le président indique dans son rapport : "la vidéo de revendication le montrait en tenue de djihadiste, égorgeant un prisonnier".
Dans son rapport, le président revient la ceinture explosive de Salah Abdeslam retrouvée à Montrouge : "au terme des investigations, il n'était pas possible de dire si l'utilisateur de ce gilet avait actionné ou non le dispositif de mise à feu."
Le président reprend les propos des deux copains de Salah Abdeslam qui l'ont rapatrié de Paris : il "se confiait à eux en expliquant qu'il était le dernier survivant des commandos (…) et que lui-même n'avait pas été tué car son gilet n'avait pas fonctionné."
Après avoir cité Manuel Dias, tué au Stade de France, le président énumère, nom par nom, l'ensemble des personnes tuées sur les terrasses des 10e et 11e arrondissements. Il ajoute : "de nombreuses autres victimes étaient blessées ou choquées".
Au sujet de la fusillade de La Belle équipe, le président indique : "cette nouvelle fusillade s'avérait particulièrement meurtrière puisqu'on dénombrait 21 victimes sur place." Et de donner, là encore, les noms et âges de chacune des personnes assassinées.
Finalement, rappelle le président le frère de Salah Abdeslam, Brahim Abdeslam déclenche son gilet explosif au Comptoir Voltaire.
Le président souligne la proximité des frères Abdeslam avec le coordinateur des attentats, Abdelhamid Abaaoud et son séjour en Syrie en 2015. "En ce qui concerne l'attaque du Bataclan", poursuit le président, avant de présenter la configuration de la salle de concert. "A 21h47, trois hommes couraient vers le Bataclan provoquant un mouvement de panique".
Rapport du président : "dès leur arrivée devant la salle de spectacle, les terroristes se mettaient à tirer sur les gens se trouvant à l'entrer. Ils continuaient à avancer en tirant sur les gens dans la foule".
Le président poursuit son rapport sur l'attentat du Bataclan : "des tirs nourris avaient eu lieu durant les trois premières minutes de l'attaque, suivis par des tirs au coup par coup…"
Rapport du président : "... les tirs sporadiques se poursuivaient pendant une vingtaine de minutes, les terroristes visant soit des gens dans la fosse, soit par les fenêtres, des personnes blessées, des passants, des pompiers, des policiers".
Le président explique qu'en arrivant à l'intérieur du Bataclan, les forces de l'ordre ont découvert : "une vraie scène de guerre où des cadavres se mêlaient à des personnes blessées ou indemnes se faisant passer pour mortes afin de ne pas déclencher de tirs sur elles. "
Comme il l'a fait pour les autres scènes d'attentats, le président énumère le nom et l'âge de chacune des victimes décédées au Bataclan. Cette liste comporte 90 noms. Sa lecture est très très longue. La salle d'audience est comme figée.
Le président achève l'énumération des victimes décédées aux Bataclan, aux abords de la salle de concert et, pour 5 d'entre elles, à l'hôpital. Sa lecture s'achève par un dernier nom : "Lola O., 17 ans".
Le président passe la parole à sa première assesseure qui poursuit la lecture du rapport. Elle détaille les parcours des membres du commando du Bataclan : radicalisation, départ en Syrie etc.
Dans la suite du rapport, la 1re assesseure revient sur la fuite de deux membres du commando des terrasses : "les recherches demeuraient vaines jusqu'au lundi 16 novembre". Jusqu'à l'appel de celle qui a permis de localiser les terroristes et qui sera entendue à cette audience.
La première assesseure rappelle que les deux terroristes ont trouvé refuge dans l'appartement squatté par Jawad Bendaoud, déjà jugé et condamné pour son implication. Alors que la BRI avait donné l'assaut, l'un des terroristes a déclenché sa ceinture explosive.
Il est maintenant évoqué dans la lecture du rapport la vidéo réalisée par l'Etat islamique pour revendiquer les attentats du 13 Novembre 2015. On y voit les membres du commando décapiter des otages. "Une grande partie des éléments de la vidéo ont été tournés avant les attentats".
Rectificatif d'un tweet précédent : c'est bien le Raid qui est intervenu au 48, rue du Corbillon à Saint-Denis où s'étaient réfugiés deux terroristes du commando des terrasses. Mea culpa. Et merci à ceux qui me l'ont signalé.
Dans la suite du rapport, la première assesseure, détaille les différentes planques utilisées par les terroristes pour les préparatifs des attentats du 13 Novembre 2015 ou pour s'y cacher après. Certaines de ces planques ont servi d'ateliers pour la fabrication des explosifs.
Alors qu'on entre dans la troisième heure de lecture du rapport, nouveau relais dans la lecture. La deuxième assesseure détaille les préparatifs des attentats du 13 Novembre à l'été 2015.
La deuxième assesseure poursuit la lecture du rapport : "douze djihadistes venus de Syrie sont arrivés en 5 jours en Belgique et se sont répartis dans quatre planques. Ils auraient même été 14 sans les arrestations en Grèce de Adel Haddadi et de Mohamed Usman."
Rapport : "Mohamed Abrini précisait que s'il avait connaissance de l'imminence des attentats, il en ignorait les modalités. Il réfutait l'hypothèse que son départ ait modifié les plans du groupe puisqu'il affirmait qu'il n'avait jamais été question qu'il participe aux attentats".
On passe à Abdellah Chouaa, l'un des trois accusés qui comparaissent libres à ce procès. Il lui est reproché d'avoir véhiculé Mohamed Abrini à son départ et son retour de Syrie.
Suite du rapport avec Ahmed Dahmani, accusé qui sera jugé par défaut car absent à l'audience. Il est actuellement détenu en Turquie qui n'a pas voulu le transférer en France pour le procès.
Rapport : "Ahmed Dahmani soutenait que son voyage en Turquie en juillet 2015 était purement touristique, il reconnaissait avoir voulu aider le peuple syrien dans un but humanitaire. Il contestait toute implication dans les attentats du 13 Novembre 2015"
On passe à Mohamed Bakkali, accusé présent dans le box qui a déjà été condamné pour l'attentat du Thalys. Rapport : "d'après une note des renseignements belges, Mohamed Bakkali était bien connu des services comme étant un salafiste notoire".
Une avocate de la défense se lève : "je suis désolée d'intervenir. Je crois que la concentration est compliquée pour tout le monde. Je crois qu'il n'y a même plus de traduction. Ils n'ont rien avalé depuis 11 heures ce matin. Pour tout le monde cela devient compliqué". Président : "on va continuer encore un peu. On pourra peut-être faire une suspension mais sinon on ne s'en sortira pas. "
La défense souhaite que l'on poursuivre la lecture du rapport lundi. - "J'ai 5 journées d'audition la semaine prochaine. Ça va être tous les jours pareils".
Me Ronen : "on n'est plus dans des conditions correctes. Plus personne n’écoute rien. La preuve en est que même les interprètes sont congédiés par les accusés qui leur disent : "je ne peux plus écouter". Président : "tout le mois de septembre est bien rempli déjà !" Me Kempf : "Yassine Atar me fait savoir qu'il mange à 7h40, à 10 heures et demie on lui donne une gamelle ici. Pour les accusés qui ne peuvent pas boire et manger suffisamment, il est extrêmement difficile de suivre et se défendre dans ces conditions".
Le président, visiblement très agacé par cette demande de poursuivre lundi : "moi je veux bien faire un procès sur 18 mois mais ça me semble difficile. Il faut prendre sur soi un petit peu."
Le président : "finissez votre partie madame l'assesseure, on fera une suspension après. On va essayer de trouver une solution" La lecture du rapport reprend.
La lecture se poursuit donc sur les liens entre l'accusé Mohamed Bakkali et les frères El-Bakraoui, membres de la cellule du 13 Novembre 2015 et tous deux kamikazes des attentats de Bruxelles et Zaventem le 22 mars 2016.
Rapport : "dans les interrogatoires, Mohamed Bakkali affirmait qu'il a toujours été hostiles aux attentats, il concédait juste s'être un peu intéressé à l'Etat islamique pour comprendre."
On est passé aux charges retenues contre l'accusé Ali El Haddad Asufi. "L'enquête mettait en évidence qu'Ali El Haddad-Asufi avait trouvé aux frères El-Barakoui le studio situé à Etterbeek". C'est de cette planque qu'ils en partiront pour les attentats de Bruxelles en mars 2016.
Le président intervient : "bien, voilà ce qu'on va faire. Il nous reste une douzaine de page. Donc un peu moins d'une heure. On va faire une suspension. Ils vont pouvoir aller aux toilettes. Et lundi, on poursuivra avec les qualifications car cela fait 25 pages".
L'audience est donc suspendue avant la fin de la lecture des faits (et non pas du rapport du coup).
Pendant la suspension, le président a autorisé les avocats à donner à manger aux accusés. C’est alors qu’une partie civile a donné un paquet de biscuits qu’ils se sont partagés dans le box.
On passe à l'accusé Sofien Ayari qui "a été interpellé en même temps que Salah Abdeslam alors qu'il tentait de s'enfuir". "Il expliquait être parti seul de Tunisie pour se rendre en Syrie aller aider les personnes victimes de la guerre".
Rapport : "Sofien Ayari se montrait très évasif sur son adhésion aux thèses de l'Etat islamique. Il déclarait : "je vous dit que vos avions bombardent en Syrie et que tout le monde s'en fout." Il refusait de juger les actions de l'Etat islamique".
La lecture du rapport se poursuit avec les faits reprochés aux accusés présumés morts en Syrie. C'est notamment le cas d'Oussama Atar, frère aîné de l'accusé Yassine Atar et commanditaire présumé des attentats du 13 Novembre 2015.
Rapport : "il était rapidement nommé responsable du groupe des gardiens d'otages. Courant 2014, Oussama Atar devenait émir de la cellule des opérations extérieures. Les deux kamikazes du Stade de France auraient été, selon les services de renseignement, ses gardes du corps".
Rapport : "Oussama Atar s'était vu confier, en raison de sa connaissance de l'Europe, l'organisation d'un attentat de grande ampleur en France. Il décidait de s'appuyer sur ses cousins, les frère El-Bakraoui".
Rapport : "aujourd'hui, à notre connaissance, il n'existe aucune confirmation officielle ni aucune certitude de son décès". C'est la raison pour laquelle Oussama Atar sera bel et bien jugé à cette audience.
Place aux charges retenues à l'encontre d'Obeida Aref Dibo, lui aussi supposé mort en Syrie sans que la justice française n'en ait la certitude. Puis d'Ahmad Alkhald, artificier des attentats du 13 novembre qui a fait l'aller-retour en Belgique pour confectionner les explosifs.
On passe aux frères Fabien et Jean-Michel Clain, vétérans du djihad et voix de la revendication des attentats du 13 Novembre 2015. "Les enquêteurs identifiait Fabien Clain comme l'homme qui lisait la communication et Jean-Michel Clain comme celui qui chantait l'anasheed Avance".
Rapport : "Signe de l'importance des frères Clain, le calife autoproclamé Abou Bakr Al-Baghadi leur rendait un hommage appuyé après leur mort".
Président : "voilà terminé l'exposé des faits. Il sera donc donné lecture des qualifications de renvoi lundi à la reprise de l'audience à 12h30. L'audience est levée".
Bon week-end à tous. Et, une fois n'est pas coutume, j'en profite pour vous remercier pour vos nombreux messages d'encouragement. Je ne réponds pas à tous, mais je les lis. Et c'est toujours très précieux. Merci
Lire le compte rendu d'audience > ici
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